22/09/2013

Un système scolaire et une université très spéciaux !

Lapin Yliopisto
Université de Laponie
    S'il est vrai que l'on entend régulièrement que le système éducatif nordique est très différent du notre, rien n'aurait pu me préparer à ce que j'ai découvert !

   Pour que la présentation soit plus aisée, je vais comparer avec le système français. Qui, soit dit en passant, est globalement le même que dans les autres pays européens. Et je vous garantis que mes sources sont assez fiables ; qui mieux qu'un étudiant erasmus pour parler de son système universitaire. Enfin, revenons à nos rennes !
    La base du système français est qu'en début d'année un emploi du temps avec une série de matières "imposées" recouvrant tout le semestre est distribué. Chaque jour de la semaine est identique à son homologue de la semaine précédente, afin de pouvoir caser 24 à 36 heures de chaque matière dans un semestre. Résultat, les journées varient entre 9 heures d'amphi pour les plus travailleurs (en général les publicistes,  encore plus s'ils sont internationalistes), à quelques heures pour les plus chanceux (en général une bande de privatistes, juristes d'entreprise, voire notaires, ou pénalistes pour les moins pires). Pour finir, à la fin du semestre, une ou deux semaines sont consacrées aux partiels : grand moment de solitude que chaque étudiant connait bien. Qui plus est, la période de révision serait bien moins fun si elle ne correspondait pas joyeusement à celle de noël.
Voilà voilà un bref résumé. Mais diantre, attention ! Ne le dites surtout pas à un étudiant finnois, il ne vous croirait certainement pas, et en ferait des cauchemars horribles !! Par exemple, une finnoise ne m'a pas cru lorsque je lui ai dit qu'au lycée on avait cours de 8h00 à 17h00, voire 18h00 certain jour ; pour eux la journée chargée c'est 9h00 — 15h00.

  Car oui, cela n'a rien, absolument rien, à voir avec leur système !

   Je m'explique. Fondé sur le principe de liberté, le système finnois permet à l'étudiant, dans sa filière, de sélectionner les matières qu'il souhaite étudier au sein d'un panel fichtrement intéressant et diversifié d'enseignement. Et comme si cette possibilité n'était pas suffisante, durant tout le semestre des conférences, des nouveaux cours se rajoutent ; laissant alors la possibilité pour l'étudiant lambda de décider s'il souhaite assister à ce cours. S'il a évidemment quelques cours imposés pour correspondre au diplôme recherché, l'étudiant finnois est mis devant ses propres responsabilités.
   Mais la différence ne s'arrête pas là. Ici un cours ne dure pas tout un semestre. Eh oui ! Certains cours ne durent qu'à peine 16 heures, d'autres une journée ... Cette semaine j'ai déjà terminé une matière ; j'en commence deux autres lundi, qui se terminent vendredi prochain !
    Le plus sympa reste toutefois l'absence de période de partiel ; Diantre que ça va faire du bien ! Le type d'épreuve, ainsi que la date de l'examen, est laissé à la discrétion totale du professeur. Essai à la maison, essai en cours, questionnaires, mini-dissertation, oral ... tout est à envisager. Il est même parfois possible que plusieurs styles d'épreuve soient proposés dans le même cours : à nous de choisir ce que l'on souhaite.
Encore plus magique, une deuxième chance est accordée en cas d'échec. Vous me direz : "y a les rattrapages nous aussi !!". Certes, mais nous n'avons pas les rattrapages des rattrapages ; et pas non plus les rattrapages des rattrapages des rattrapages. Eh oui, parfois le prof fera tout pour que vous ayez votre année !
    Pour valider un semestre, il faut obtenir une trentaine de crédit. A chaque matière est attribué un certain nombre de crédit. Ce dernier variant également à l'intérieur d'une matière selon le type d'épreuve que l'on souhaite passer. Ainsi, libre à l'élève de choisir les épreuves qu'il veut. Une seule condition : qu'il valide suffisamment de matières lui accordant 30 crédits. C'est là que les matières se rajoutant au file du semestre sont les bienvenues ! S'il craint de ne pas réussir à tout valider, le finnois n'a qu'à rajouter deux crédits par-ci, deux crédits par-là.

    Rassurez-vous, en bon français soyons chauvins, deux petits bémols : 1) Certains cours fonctionnent sur le principe de "l'independent study". En gros, le prof donne des bouquins à lire, et l'examen consiste en des questions sur les idées qui y sont développées. En conséquence, je ne connais pas la tête des profs et s'est assez déstabilisant ! 2) C'est le bordel pour un étudiant erasmus dont l'Université d'origine exige une structure très précise d'emploi du temps dès la rentrée !


Voilà, j'en ai fini avec le système scolaire, parlons maintenant de l'Université de Laponie en elle-même :

   Je vous demanderez maintenant de vous installer confortablement dans votre fauteuil, et t'attacher votre ceinture, car ce qui va suivre est dur !

Vestiaire dans le Hall
    Le cadre de travail ici est exécrable ! L'Université date de 1979, et pourtant tout semble neuf et bien entretenue ... Si si je vous jure. Le bâtiment est lumineux et chaleureux. Un grand hall nous accueille avec des vestiaires permettant à chacun de poser librement ses affaires, toute la journée. Ainsi, on ne garde avec nous que le stricte nécessaire pour travailler. Nous ne sommes même plus encombrés par nos habits, voire nos chaussures (véridique, certains finnois amènent leurs pantoufles et laissent leurs chaussures à l'entrée). Tout cela en libre accès, et, miracle, les habits sont toujours là à la fin de la journée (non, je ne dis pas que les français sont des voleurs !).

     Vous y croyez vous ? Un vrai scandale vous dis-je ! Mais ça ne s'arrête pas là, passons à l'équipement :

Salle de vidéo-conférence en Libre Accès
   Je n'ai pas compté le faible nombre d'imprimantes, de scanners et de photocopieuses, mis en libre service dans différentes pièces de la faculté mais il doit y en avoir au moins .... une bonne vingtaine, que j'ai eu l'occasion de voir en à peine deux semaines de présence ! Et les ordinateurs, n'en parlons même pas, ils font la taille de ma télé. 
 Une vraie armée technologique est mise à notre disposition. Tout est en libre accès, la seule condition est d'apporter son propre papier. Toutes les salles sont toujours ouvertes.
    Je n'ai pas de photo de la bibliothèque, mais ça vaut le détour ! De grandes tables pour travailler, des mini-box pour s'isoler encore plus, des ordinateurs partout ... Autant vous dire que pour se concentrer, il faut s'accrocher !

Après le coin travail, passons au coin vie :

   Je vais commencer par ce qui m'a le plus mis sur le cul (malheureusement je n'ai pas de photo). Le self, très lumineux, dispose de grande table avec des petits chemins de table et des petits vases avec des fleurs. Les entrées sont à volonté (crudités) et, en ce qui concerne les plats chauds, deux féculants et deux accompagnements sont proposés au choix. Et le plus beau, c'est à nous de nous servir. Il est donc possible de se servir la quantité que l'on veut. Le prix ? 2€60 ... Le restaurant universitaire de Grenoble coûte 3€10 (si ce n'est plus).  
Bon, un bémol, à midi c'est la cohue. Mais vu que les finnois mangent de 10h30 à 14h00 ... Il suffit d'être un peu malin.

Un coin détente parmi tant d'autres
  Pour le reste de la vie dans l'Uni, les couloirs sont jonchés de fauteuils de ce style (photo ci-contre). Des super canapés, bien confortables, comme à la maison ! 
   Au bout de ce couloir, une petite cafète. Bon, je le conçois, 1€20 le café, ça fait mal au c**. Mais sachant qu'il fait trois à quatre fois la quantité de celui de la machine à café en France, et qu'on peut y rajouter la quantité de crème,  de lait et de sucre que l'on veut ... Parfois se sacrifier pour en prendre moins dans la journée, ça vaut le coup ! Surtout que, si on veut aller en cours avec, on peut choisir de se servir dans une cup avec le couvercle qui fait bien ; si on veut rester le boire sur les canap' (car oui, là bas y a encore des canapés), on peut se le servir dans une petite tasse en porcelaine !

Au fait, est-ce que j'ai pensé à vous dire que l'école était gratuite ici ?
Incroyable mais certains étudiants m'ont dit être payés ...
Sont fous ces finnois, z'ont rien compris !!

   Je crois avoir tout dit. J'espère ne pas vous avoir ennuyé avec ce loooong article ! En tout cas je m'ennuie moi même, alors je vous laisse le plaisir de la relecture et de me dire en cas d'erreur ;)


May the force be with you!

L'Expat'

11/09/2013

Cottage Weekend

Cabin for three
    Pour notre premier week-end après la rentrée, the Erasmus Student Network (association des étudiants erasmus) nous a mené à quelques kilomètres de Roveniemi dans une sorte de camping local. Au programme, petit week-end entre erasmus, idéal pour oublier le stress de la rentrée et des premiers cours !
  Si en deux semaines il m'avait déjà été possible de rencontrer beaucoup de monde, ce week-end à tout de même permis de nouvelles rencontres, et, bien sûr, d'approfondir les anciennes. Tout ce qu'il faut pour promettre une année superbe.



Husky
    Et effectivement, dès notre arrivée, les activités commencent. Le premier jeu consiste à se mettre par nationalité pour faire un sketch, une chanson, etc, afin de présenter notre pays. En bon français que nous sommes, c'est partie pour les clichés : Tour Eiffel (pyramide humaine), un restaurant, du fromage, une baguette de pain, petite chanson avec guitare ("Au champs Elysée"), sans oublier un accent anglais quelque peu ... "won-deur-foule" (wonderful)Grand moment de rigolade : chaque pays a de merveilleuses idées, toutes tournées vers l'auto-dérision (danses, chants traditionnels, etc.). Que de bonheur pour les yeux, et l'esprit ! Très grande leçon d'humilité et de partage. L'intervention la plus émouvante restant, selon moi, celle des japonais. Ces derniers affirmant que la meilleure façon de présenter leur peuple en ce moment était, en leur nom, de remercier les différents Etats apportant tous les jours leurs aides depuis la catastrophe de Fukushima (et oui, déjà 3 ans) ; les conséquences étant toujours terribles.
    Je ne pense pas avoir besoin d'épiloguer sur la première soirée : alcool, musique, ... 
    Lendemain matin, pour se remettre des émotions de la veille, c'est promenade dans la nature lapone qui est au programme. L'occasion pour nous de papoter sobre, de se raconter nos vies, de manger des myrtilles (présentent partout, vraiment partout) et, au détour d'un champ, de croiser les cousins des rennes (trop rapides pour avoir le temps de sortir l'appareil photo), dont je suis incapable de retrouver le nom.
    L'après-midi, mise à part la sieste au soleil, sera consacré à des jeux par équipes multinationales (soccer, volley, viking).

Dernier Soir
  La dernière soirée restera toutefois mon souvenir le plus fort. Cela a bien évidemment commencé par le diner. Tout le monde est allé chercher de la nourriture chez soi pour se regrouper ensuite autour d'un barbecue et tout partager. Chacun fait à manger pour son voisin ; excellent moment de rigolade et de partage. Allemand, Chinois, Canadian, Hongrois, Américain, Colombien, Tchèque, Italien, Espagnol, Suisse, Belge, Japonais, Danois : occasion rêvée pour apprendre à connaître réellement nos cultures respectives. Tous les troques sont au rendez-vous : "une saucisse contre un steak, qui veut ?" - "Un poivron contre une tomate, pour qui ?".
Mais la soirée ne s'est pas arrêté là ! C'est vers minuit que la partie la plus chaleureuse de la nuit à ouvert ses bras. Alors qu'il commençait à faire fichtrement froid, nous nous sommes petit à petit tous retrouvé autour d'un feu, à papoter, à chanter .... que de bonheur. Est-ce que je vous ai déjà parlé de moment de partage ?! Parce que les marshmallow c'est trop bon ! 

    Et le lendemain, terminé, retour à Kuntotie (la résidence erasmus). Enfin, "retour", oui ! "Terminé" pas vraiment ! Je suis invité à aller chez une amie n'ayant pas pris part au week-end. Ce qui était le plus amusant dans cette dernière petite soirée du week-end, c'est que sur une dizaine de personnes présentes, toutes avaient une nationalité différente ! La mondialisation a, certes, des conséquences néfastes ; mais elle n'en est pas moins dépourvue de conséquences merveilleuses !

PS : j'ai oublié de vous dire que l'anglais, ça va beaucoup mieux depuis ce week-end. Bas oui, quand on est "coincé" dans une chambre avec un Allemand et un Danois, on a pas vraiment le choix !!


May the force be with you!

L'Expat'

04/09/2013

Déjà une semaine !

Une semaine, déjà ! Ou plutôt : une semaine, c'est tout ?!

Ounasvaara

   Je suis arrivé dans ma terre d'accueil depuis seulement une semaine, mais j'ai la merveilleuse sensation d'y être depuis plusieurs mois déjà. Et je ne vois qu'une explication à ce phénomène, et celle-ci me permettra de contre-dire — encore une fois — mes détracteurs d'avant mon départ : les finnois sont des personnes qui méritent d'être rencontrées !
   On ne cessait de me répéter : "mais tu es fou, il fait hyper froid ; les gens sont tous aigris et alcooliques, difficiles à aborder ; ...". J'en passe des vertes et des pourris. Alors certes, les autochtones ne se jètent pas sur le premier étranger qui passe pour lui raconter leur vie et l'aider. Mais soyons honnêtes qui fait ça, même en France ? Evidemment c'est à nous, étrangers, à aller de l'avant. Mais une phrase est alors suffisante pour découvrir le vrai visage du finnois : "sorry, I don't understand, I only speak english". Et c'est magique, tout le monde ici parle anglais ; en tout cas largement assez bien pour entamer un échange très cordial, ou ne serait-ce que pour nous aider à trouver notre chemin. Tous sans exception feront l'effort de trouver les mots pour nous arranger ; et croyez moi, dans un pays où le finnois n'est généralement traduit quand suédois, ce n'est pas du luxe !

   Encore plus que les "simples" passants ou commerçants, les différents services de l'université sont géniaux. Accueil magistral, dans un amphi sublime. Après que chaque personnel se soit longuement présenté, dans les moindres détails, et après nous avoir souhaité tout le bonheur du monde pour cette année, voilà qu'ils insistent pour que chaque étudiant étranger se lève et se présente. Selon eux, avoir des noms sur des listes administratives, c'est bien intéressant, mais totalement inutile s'ils ne savent pas qui nous sommes réellement : c'est partie pour la présentation de 240 étudiants étrangers !
   Aucun détail n'est délaissé. Tous les services viennent chacun à leur tour se présenter, parfois longuement, afin d'être sur que l'on ait tout compris.
    Mais je vais laissé la présentation de l'université de côté pour un prochain article. Il y a tellement de chose à en dire !

   En résumé, vous l'aurez compris : l'intégration n'est que bonheur ici !


May the force be with you!

L'Expat'



01/09/2013

Quand vient l'heure de faire des courses ...

Petit-Beurre
Chocolat au lait
Quel grand moment de solitude a été celui de faire les courses !

  Evidement, je ne m'attendais pas à ce que je puisse trouver la liste des ingrédients en français. Mais quelle chute lorsque je me suis rendu compte qu'ils n'étaient même pas écrit en anglais !

   Si après plusieurs passages, et avec l'aide des desseins, je me suis rendu compte que certains mots n'étaient pas si compliqués - kaakaojuomajauhe signifiant évidement chocolat - d'autres sont incroyablement différents du français, de l'anglais, de l'italien : en réalité, d'à peu près toutes les langues. Pour vous donner un exemple, kesäkurpitsa signifie courgette ... oui oui ! Alors, certes, une courgette reste une courgette, même à l'autre bout de l'Europe ; mais lorsqu'il faut trouver le mot sur la balance électronique du supermarché qui ne propose pas d'image mais seulement une liste alphabétique, une courgette n'est à ce moment-là plus une courgette. En acheter ne m'aura jamais pris autant de temps.

   Finalement, ici, faire mes courses ne consiste plus en cinq minutes passées à la superette du coin pour acheter la sauce tomate pour les pâtes, mais plutôt en une aventure d'une petite heure pour trouver des biscuits sans "maapähkinä", pardon, sans arachide. Et oui, cela aurait été trop simple de pouvoir ne pas faire attention aux ingrédients, p**** d'allergies.

    Alors, vous imaginerez aisément quelle joie la découverte des Petit-beurre, du Brie de la "Tour de Paris" ou encore du Nutella, a pu me procurer. Quoique, plus de quatre euros pour un petit pot, ça fait grincer des dents ! Car comme prévu, la vie est un peu plus cher qu'en France ; cela dépend des produits.

    Mais bon, cela fait partie du jeu et rajoute un peu de piment dans l'aventure lapone. Et puis, le finlandais est décidément une merveilleuse personne, toujours prête à nous aider !
Le plus dur est finalement de ramener les trouvailles chez soit, surtout lorsque le vélo crève et qu'il reste une belle borne pour rentrer !


May the force be with you!

L'Expat'